Ils font du clip vidéo un terrain de jeu artistique et les transforment en œuvres d’art.
Vous aussi, vous l’avez senti passer, ce frisson étrange devant certains clips ? Celui qui fait dire : “Attends… c’est plus qu’un clip, là.” Un cadrage bien pensé, une atmosphère qui vous happe, une narration qui frôle le cinéma… et soudain, l’image vous reste en tête plus longtemps que le refrain.
Il faut dire que depuis quelques années, certains réalisateurs et réalisatrices prennent ce format court très au sérieux — et tant mieux pour nous. Parce qu’entre deux scrolls et une playlist de fin de journée, on tombe parfois sur de véritables petites œuvres. Sensibles, engagées, délirantes ou dérangeantes, elles ont toutes un point commun : elles sont pensées comme du cinéma.
Si vous aimez quand l’image raconte autant que la musique, et que chaque détail visuel compte, cette sélection ne devrait pas vous laisser indifférent·e. Prêts à plonger dans un univers où chaque image raconte une histoire ? Allons-y !
Voici 7 réalisateurs qui transforment le clip en œuvre cinématographique :
1. Hiro Murai – Le maître du surréalisme contemporain



Hiro Murai dissèque les absurdités du monde moderne à coups d’images surréalistes.
Quand le monde devient trop brutal, ses clips mettent des images sur ce qu’on n’arrive plus à exprimer.
Il aborde les tensions sociales, la violence banalisée. Il traite également de l’aliénation collective. Il fait cela en les glissant dans des mises en scène surréalistes et presque hypnotiques.
Dans This Is America, il juxtapose des danses virales avec des scènes de chaos. Il expose ainsi le décalage criant entre divertissement et réalité sociale.
Son langage visuel est étrange et méticuleux. Il crée un effet miroir troublant. Il invite le spectateur à regarder au-delà des apparences.
À découvrir si vous aimez l’art qui remue doucement, mais profondément.
2. AG Rojas – Le regard intime et symbolique
AG Rojas vous prend par les tripes avant même que vous compreniez pourquoi.
À une époque où tout doit être expliqué, décodé, interprété, il laisse la place au flou, à l’intime, à l’émotion brute.
Il aborde des thématiques universelles comme la solitude, la douleur ou la reconstruction, mais sans jamais surligner les émotions ni tomber dans le cliché.
Dans Sweet Nothing, il met en scène des fragments de vie qui parlent à chacun, en les enveloppant d’une esthétique minimaliste et profondément humaine.
Ce qui le rend unique, c’est sa façon de filmer les silences, les regards, les gestes retenus — des détails qui deviennent plus puissants que les mots.
À découvrir si vous aimez les œuvres qui vous regardent autant que vous les regardez.
3. Melina Matsoukas – Le clip comme manifeste esthétique et politique
Melina Matsoukas filme les clips comme on écrit des manifestes.
Dans un monde saturé d’images, elle remet du sens là où l’esthétique devient souvent creuse.
Elle s’attaque de front à des sujets comme l’identité noire, la culture afro-américaine, le genre ou la mémoire collective, à travers une narration aussi stylisée que profonde.
Avec Formation, elle fait de Beyoncé le porte-voix d’un héritage oublié et d’une fierté retrouvée, en mêlant symboles, archives et iconographie politique.
Sa force réside dans sa capacité à créer des clips denses, puissants, beaux — et toujours porteurs de messages.
À suivre si vous pensez que chaque image peut être un acte de résistance.
4. Karena Evans – La narration empathique



Karena Evans insuffle une humanité rare dans un format souvent dominé par l’image pure.
Quand l’émotion déborde, elle la transforme en récit empathique et visuellement puissant.
Elle explore les relations humaines, les dynamiques sociales et le regard féminin avec une douceur contenue.
Dans Nice for What de Drake, elle multiplie les portraits de femmes fortes, modernes et nuancées.
Son approche est sincère, fluide et résolument tournée vers la mise en lumière de l’autre.
À découvrir si vous aimez les clips qui savent écouter autant que montrer.
5. Andrew Thomas Huang – Le poète visuel de la mythologie queer
Andrew Thomas Huang transforme l’imaginaire en réalité visuelle.
Quand le réel devient trop étroit, il ouvre des portes vers l’imaginaire.
Il aborde la fluidité des identités, la métamorphose et l’hybridité à travers des univers oniriques et visuellement saisissants.
Dans Cellophane de FKA twigs, il orchestre une chute vertigineuse, aussi intime que cosmique.
Son esthétique est immersive, entre effets spéciaux artisanaux et poésie numérique.
À découvrir si vous aimez les mondes parallèles où chaque pixel semble respirer.
6. Jenn Nkiru – L’afrofuturisme vibrant



Jenn Nkiru ne filme pas, elle invoque. Ses images vibrent comme des incantations.
Quand l’histoire noire est réduite à des clichés, elle la réactive par la mémoire et le rêve.
Elle aborde l’afrofuturisme, la spiritualité et la culture diasporique à travers des rythmes visuels syncopés et puissants.
Dans ses clips pour Beyoncé ou Kamasi Washington, elle mêle archives, symboles et mythes noirs dans une démarche afrofuturiste.
Son style est sensoriel, mystique, profondément ancré dans la résonance collective.
À découvrir si vous aimez l’art qui reconnecte, élève et propulse.
7. Bradley & Pablo – Le duo pop et irrévérencieux
Bradley & Pablo dynamitent les codes visuels avec humour, style et provocation.
Dans un monde saturé d’images lisses, leur esthétique kitsch, queer et ludique fait l’effet d’un shot de fraîcheur.
Ils transforment la culture pop en manifeste visuel, avec des clips pour Rosalía, Charli XCX ou Harry Styles.
Audacieux, assumés, profondément contemporains, ils célèbrent la liberté d’expression avec un sens du détail visuel jubilatoire.
À découvrir si vous aimez les clips qui font sourire tout en éclatant les conventions.
Et si le clip devenait votre nouvelle galerie ?
Dans un monde saturé d’images jetables et de scrolls infinis, ces réalisateurs et réalisatrices redonnent du sens à chaque plan.
Leurs clips ne sont pas de simples supports promotionnels : ce sont des courts-métrages, des poèmes visuels, parfois même des manifestes.
Ils racontent l’époque, ses fractures, ses révoltes, ses élans. Ils parlent d’identité, de collectif, d’imaginaire et de résistance.
Ils nous invitent à ralentir, à ressentir, à voir autrement.
Alors la prochaine fois que vous tombez sur un clip de Hiro Murai, Melina Matsoukas ou Andrew Thomas Huang, ne zappez pas. Regardez-le comme on regarde un film. Ou mieux : comme on écoute un silence.